Résumé de l'article
Alain
Boyer,
Ce serait folie d’ignorer les conséquences
Ce qui compte, ce n'est pas la question "aristocratique" des fondements d'une proposition, mais la question "démocratique" de la valeur de ses conséquences pratiques (Popper) : en morale, ce n'est pas l'expérience, mais notre conscience qui décide d'accepter telle ou telle conséquence. Rawls oppose déontologie et téléologie : la première classe de théories définit le juste indépendamment du bien, la seconde le définit comme maximisation du Bien. Mais les approches déontologiques ne sont pas anti-conséquentialistes : "Ne pas prendre en compte les conséquences serait irrationnel, fou". Toute théorie morale rationnelle est une "morale de la responsabilité" (ouverte à la critique), et non de la conviction (dogmatique), même si certains énoncés de base de l'intuition sont pour nous des "points fixes". Le conséquentialisme n'est pas nécessairement utilitariste, car l'on peut vouloir minimiser l'injustice (Popper). Ces considérations sont appuyées sur l'analyse de plusieurs exemples juridiques, dont celui de la responsabilité civile.
Mots-clef : Rawls, morale, téléologie, responsabilité civile
t. 48, 2004 : p. 275-289