Résumé de l'article

Paul W. Kahn, Criminels, ennemis et imaginaire de la violence
Les juristes ont tendance à s’attacher à la doctrine et les philosophes à l’abstraction. En réalité, nous vivons dans une complexité interprétative. On vit et on meurt grâce à l’imagination qui fonctionne par le particulier et y voit tout un monde de significations. En en appelant à l’esthétique pour interpréter le politique, cet article soutient que nous vivons une période d’anxiété où l’imagination ne parvient plus à concilier droit – système de représentation – et souveraineté – expression de l'identité. La confusion entre les catégories de criminel et d’ennemi témoigne de cette déstabilisation du lien moderne entre identité et représentation. Plusieurs films à succès offrent un accès privilégié au statut trouble de cette solution politique moderne. On y voit la triple expression de l’anxiété à propos du rapport entre criminels et ennemis : le désir de recouvrer l’unité de l’amour exprimé dans un acte de violence original, la crainte que la violence politique ne puisse être stabilisée par le droit et la peur qu’un code trop figé n’exclue une libre politique d’identité.

Mots-clef : Criminel – ennemi – souveraineté – imagination – représentation - violence
t. 53, 2010 : p. 58-85