Résumé de l'article

Martin Rogoff, La théorie du droit et l’histoire du droit aux États-Unis : Une conciliation ?
Cet article considère la question des relations entre la théorie du droit et l’histoire du droit dans le contexte de l’ordre juridique américain. La théorie du droit aujourd’hui dominante aux États-Unis s’inscrit dans le courant du réalisme juridique qui a ses racines dans les philosophies du pragmatisme et de l’empirisme. Étant donné cette orientation philosophique, il semblerait que l’histoire du droit doive jouer un rôle important dans la théorie du droit américaine. En réalité, ce sont les sciences sociales (comme l’économie, la psychologie, la sociologie, la science politique, etc.) et leur emphase sur l’analyse de l’état contemporain du droit, qui ont actuellement plus d’impact sur la théorie du droit américaine. Malgré cela, un paradoxe étrange peut être relevé : dans la jurisprudence des cours américaines, surtout en matière de contentieux constitutionnel, l’histoire du droit occupe une place importante dans les considérations et les opinions du juge, ainsi que dans les argu-ments des avocats et les analyses et les évaluations des universitaires. Au demeurant, la théorie du droit américaine, telle qu’elle s’exprime actuellement dans la philosophie du droit, prête peu d’attention à ces développements.
L’auteur s’interroge sur la possibilité d’une une conciliation entre la théorie du droit et l’histoire du droit. Il conclut qu’une telle conciliation est rendue nécessaire par la nature même du droit américain et de ses profondes racines dans la philosophie et la méthode du common law, qui est un système construit selon une méthode fondamentalement historique, et seulement accessoirement analytique. Elle est rendue d’autant plus nécessaire en raison de l’inévitable complémentarité de chacun de ces deux domaines (la théorie du droit ainsi que l’histoire du droit) : l’histoire du droit a besoin de plus de rigueur analytique, ce que la théorie du droit peut lui apporter, et la théorie du droit a besoin de bases historiques plus solides pour construire ses théories abstraites si elle veut acquérir davantage d’influence dans le processus juridique.

Mots-clef : Philosophie du droit, théorie du droit, histoire du droit, common law
t. 53, 2010 : p. 420-441