Résumé de l'article
André
Barilari,
Création de valeur et système de valeur
Le concept de " création de valeur " comme critère de choix des marchés financiers est une notion étroite qui évacue les " valeurs " au sens philosophique. Il faut apprécier la création de valeur au sens global et en effectuant la somme algébrique des éléments positifs et négatifs, notamment les " dommages collatéraux " que peuvent entraîner certaines décisions économiques de rationalité restreinte centrées sur le profit immédiat de l'actionnaire. Il ne peut y avoir création véritable de valeur que dans un cadre de référence, les valeurs républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité dont l'interprétation concrète s'exprime par la règle de droit, expression de la volonté générale. La création de valeur sociale s'effectue également par les administrations publiques dans les domaines où le choix collectif s'est exprimé pour que le " bien commun " soit géré en dehors du marché. Mais dans ce cas, le citoyen doit exprimer une exigence forte d'efficacité des institutions administratives publiques. Par ailleurs, si un marché appuyé sur la valorisation des entreprises est indispensable pour favoriser les restructurations ou les transmissions et si les obstacles à cet égard doivent être levés, les mouvements boursiers purement spéculatifs ne répondent à aucune nécessité économique, au contraire ils entraînent des dommages graves et des dispositifs visant à les décourager sont souhaitables. La valeur d'une entreprise est sa valeur ajoutée et celle-ci doit être répartie entre ses différentes parties prenantes légitimes, le profit pour les actionnaires, les salaires et la participation pour les salariés et les impositions pour la collectivité. L'équilibre entre ces trois parties est un problème de choix politique seul cadre à même d'exprimer la souveraineté du citoyen.
Mots-clef : marché, dommages, volonté générale, citoyenneté
t. 46, 2002 : p. 131-138