Résumé de l'article

Jean-Pierre Baud, La voix du juriste dans le tintamarre de la bioéthique
Pour que le juriste puisse s'exprimer dans un domaine tel que celui de la bioéthique, il importe au préalable qu'on s'entende sur ce que recouvre exactement ce rapprochement sémantique de la morale et de la vie. On perçoit plus ou moins bien que la bioéthique est un amalgame des normativités religieuse, médicale et juridique et l'on refuse en général de remettre en cause ce qui fait figure de carrefour des systèmes normatifs, c'est-à-dire la dignité humaine, notion qui apparaît comme une sublime évidence. Il faut pourtant avoir le courage de rechercher ce qui est signifié par cette idée de dignité humaine et se demander si elle ne recouvre pas trop souvent une approche primitive, sauvage, de la sacralité corporelle. Une telle approche cesse d'apparaître comme une simple curiosité d'anthropologue lorsqu'on réalise que la notion de dignité humaine a servi la grandiloquence et, en contrariant l'analyse juridique, a laissé le champ libre à ce qu'elle était censée combattre.

Mots-clef : bioéthique, dignité humaine
t. 39, 1994 , p. 421-428