Résumé de l'article

Philippe Oliviero, La notion de " pré-embryon " dans la littérature politico-scientifique
Pour la recherche biomédicale contemporaine, il ne s'agit plus seulement de jeter les fondements scientifiques d'une expérimentation sur le vivant, mais encore d'asseoir les conditions de possibilités de la subjectivation des "matériaux corporels d'origine humaine". L'étude de l'argumentaire développé en faveur de l'expérimentation sur les embryons de moins de 14 jours nous permet de mettre à jour les mécanismes de la communication scientifique en direction des décideurs politiques responsables du financement des programmes de recherche. Au terme d'une analyse minutieuse, nous découvrirons ainsi les différentes voies que la biologie offre à la pensée pour se représenter l'incarnation d'une personne. Cette tentative des scientifiques de fonder une éthique de l'expérimentation sur l'homme sur des critères strictement biologiques repose, de fait, sur l'utilisation d'une "psychologie négative" qui définit les conditions de la personnalisation des matériaux corporels.

Mots-clef : embryon, bioéthique, médecine, expérimentation
t. 36, 1991 : p. 85-107