Résumé de l'article

Bernard Reber, Les risques de l’exposition à la délibération des autres
Si la délibération est souvent comprise comme un acte collectif, elle peut aussi signifier une activité réflexive individuelle. Cette activité cognitive complexe comprend notamment la description, l’évaluation, la justification ou encore l‘argumentation en vue de décisions à prendre. Les deux sens possibles de l’usage courant du terme délibération peuvent entrer en conflit, ou du moins l’exposition de la délibération individuelle à la délibération des autres partenaires ne va pas de soi. Ce parasitage peut se payer au prix d’un manque de cohérence ou d’une soumission à la voix des autres qui n’a pas toujours lieu d’être. Les garan-ties offertes par la théorie de la démocratie délibérative vont plus dans le sens du respect des autres partenaires plutôt que celui de la consistance des arguments. C’est surtout le cas avec les délibérations éthiques. Certaines théories politiques ayant contribué à légitimer la théorie de la démocratie délibérative (Rawls, Habermas) sont peu hospitalières à la délibération éthique et individuelle. J’essaie au contraire de partir du champ du pluralisme des théories éthiques comme espace pour des délibérations individuelles à confronter. À l’aune d’innovations insti-tutionnelles expérimentales participatives, il nous faudra proposer quelques améliorations à cette théorie en ce qui concerne l’un de ses ingrédients majeur, les arguments, notamment les arguments éthiques.

Mots-clef : démocratie délibérative - théories morales – pluralisme – argumentation - Rawls - Habermas
t. 54, 2011 : p. 261-281