Résumé de l'article

Philippe von Parijs, Philosophie de la fiscalité pour une économie mondialisée
La généralisation du capitalisme rend la fiscalité plus importante que jamais. Parce qu'elle a pour effet de réduire à la fois (1) l'ampleur de la redistribution intra-familiale par une répartition des revenus issus du marché entre les membres d'un même ménage ou d'une même famille élargie, et (2) l'envergure de la redistribution implicite au sein de l'entreprise à travers une répartition des revenus primaires s'écartant substantiellement de la répartition des productivités. Et parce que la justice bien comprise consiste à maximiser durablement la liberté réelle de ceux qui en ont le moins et exige dès lors une divergence majeure par rapport à la répartition que le marché tend spontanément à effectuer en fonction des contributions productives de chacun. Mais d'autre part la mondialisation du capitalisme rend la fiscalité plus fragile que jamais. Car elle n'amplifie pas seulement les inégalités des revenus primaires. Elle renforce aussi les contraintes sur l'effort de redistribution des États, désormais immergés dans un marché mon-dial. Faut-il pour autant désespérer de la situation d'une fiscalité qui doit plus mais peut moins ? Pas s'il est possible à la fois de hisser peu à peu la fiscalité à un niveau supranational et de (re)créer les conditions d'un robuste civisme fiscal.

Mots-clef : capitalisme, marché, redistribution, liberté, justice, mondialisation, inégalité
t. 46, 2002 : p. 329-348