Résumé de l'article
Thierry
Revet,
L'argent et la personne
L'argent et la personne ont beau être différents, sinon opposés, ils entretiennent, depuis toujours, une relation d'intimité. Et elle s'intensifie aujourd'hui. L'argent contribue à libérer la personne , il peut aussi concourir au maintien de sa dignité. Mais, par ailleurs, l'argent saisit de plus en plus d'éléments et d'aspects de la personne : de son travail (depuis toujours) à sa vie privée (depuis qu'on l'a inventée), en passant par son nom, ses cheveux et autres produits négociables. Cette intimité est alors menaçante pour la personne. Elle entame la primauté de l'extra-patrimonial dans le droit de la personnalité, alors que l'extra-patrimonialité est consubstantielle à une personne conçue comme antithèse des choses. Dès lors, la menace pourrait atteindre l'unité même de la personne. Sous l'effet de l'objectivation diligentée par l'argent, la personne n'en viendra-t-elle pas à se scinder en deux entités, une volonté abstraite et désincarnée, et un agglomérat de choses, plus ou moins ouvertes au commerce juridique ?
Mots-clef : argent, personne
t. 42, 1998 : p. 43-54