Résumé de l'article

Alain Trannoy, Impôts négatifs et Théories de la Justice
Il est montré qu'il n'est pas si facile de dériver le principe de l'impôt négatif de systèmes philosophiques, dont le but avoué n'est pas de s'en faire le panégyrique. Le principe de différence de Rawls laisse la porte ouverte à l'absence d'un tel instrument dans la société juste, non seulement pour des problèmes d'incitation, mais également en raison de la priorité accordée aux biens primaires basés sur la liberté. Dans sa version la plus récente, la pensée de Rawls incline à une version de l'impôt négatif conditionnelle à une participation de l'individu au marché du travail. Quant au système d'assurance imaginé par Dworkin, il est établi, au moyen d'un exemple, qu'il est compatible avec n'importe quel degré d'inégalité dans la société courante, et qu'il peut exister des états du monde où le type de transferts mis en place au moyen du régime d'assurance renforce les inégalités au lieu de les réduire. Un rapide tour d'horizon de la littérature sur la taxation optimale permet de montrer que chacune des formules d'impôt négatif peut trouver sa justification dans un corps d'hypothèses bien spécifiques.

Mots-clef : impôt négatif, Rawls, Dworkin, inégalité, liberté
t. 46, 2002 : p. 311-328