Résumé de l'article

Stamatios Tzitzis, De la Justice hellénique aux Droits de l'Homme de la Révolution française
La justice classique (grecque) relève de la vision dialectique des choses cosmologiques. Dans le cadre de la polis, elle est le fruit de la dialectique didactique (Socrate et Platon). Elle est liée à la prudence et appartient à la sphère de la science politique (Aristote). La justice hellénique est d'une nature éthique car elle poursuit le kalon : ce qui est moralement beau. D'ailleurs, le science politique étudie en commun la noblesse morale et ce qui est juste. La dikaiosynè se rapporte au politès, le membre de la cité, membre qui participe à l'histoire de cette dernière. L'homme juste incarne l'idéal politique du kalos kagathos politès. Les droits de l'homme concernent en revanche un être humain a-historique. Ils figurent le ratio iuris d'un statut abstrait et se rattachent à une morale utilitaire. Il s'agit des droits absolus qui reposent sur la volonté de posséder et d'agir. Cette volonté, loin de viser à un juste partage, doit satisfaire la nécessité de la coexistence des individus. Tout n'est pourtant pas négatif dans la conception des droits de l'homme. Etroitement liés à des idéologies politiques, ils seront récupérés par des protagonistes nationaux des pays qui se trouvent sous le joug de l'esclavage. Nous faisons allusion au cas de Régas Pheraios. Ce héros grec donnera une interprétation déformée des droits de l'homme, afin de défendre des causes nationales: la libération de la Grèce et des autres pays balkaniques de l'empire ottoman. Les monarques de l'Europe n'étaient pas très favorables à un changement du statu quo en Europe. Ainsi les droits de l'homme impliquent finalement l'idée que le despotisme ne saurait être éternel.

Mots-clef : Socrate, Platon, droits de l'homme, justice
t. 36, 1991 : p. 241-252