Résumé de l'article

Jonathan Zeitlin, L'américanisation et ses limites. Remanier la technologie et le management américains dans l'Europe et le Japon d'après-guerre
Cet article présente une analyse neuve et conceptuellement spécifique de l'américanisation de l'industrie européenne et japonaise après la Deuxième Guerre mondiale, fondée sur un projet de recherche comparatiste mené par un groupe international d'auteurs. Le projet met en lumière le rôle autonome et créatif des acteurs locaux pour l'adaptation sélective des méthodes américaines technologiques et de gestion afin de répondre aux conditions locales et, de façon saisissante, pour créer de nouvelles formes hybrides combinant pratiques indigènes et étrangères de manière imprévue mais souvent remarquablement efficace. L'article est divisé en deux grandes parties. La première réexamine l'historiographie de l'américanisation d'après-guerre, en soulignant les présupposés théorétiques sous-tendant des points de vue opposés, afin de faire ressortir les traits distinctifs de l'approche conceptuelle élaborée par ce projet. L'auteur soutient que ce n'est qu'en modifiant substantiellement, ou même en éliminant carrément, une série de présupposés très répandus, sur la nature et la transférabilité des modèles de production, que l'on peut apporter de manière convaincante la preuve impérieuse de l'adaptation sélective et de la modification innovante des techniques et méthodes américaines mises en évidence par les études de notre projet. La seconde partie étudie les implications de l'interprétation proposée de l'américanisation d'après-guerre dans les débats actuels sur le transfert et la diffusion des modèles étrangers de production à travers les frontières, soulignant les raisons historiques que l'on peut avoir de douter de la vraisemblance et de l'opportunité d'une convergence internationale autour d'une meilleure pratique unique, modèle d'efficacité économique et technologique, qu'elle soit japonaise ou anglo-américaine.

Mots-clef : technologie, management, réception
t. 45, 2001 : p. 246-267