Résumé de l'article

Bernard Reber, Pluralisme moral : les valeurs, les croyances et les théories morales
Après une présentation de la diversité des acceptions de la notion de pluralisme, cet article aborde la question spécifique du pluralisme moral et de ses différentes versions. La première, la plus courante, porte sur le pluralisme moral des valeurs, notamment tel qu’il est présenté chez J. Kekes ou G. Crowder. Elle distingue les valeurs sous divers aspects : incommensurabilité, incompatibilité, conditionnalité ou au contraire prépondérance, pre-mières ou secondaires, substantielles ou procédurales, selon le type d’engagement à leur égard. La deuxième se penche sur les conflits de croyances en face desquels un pluralisme épistémique est possible, distinguable d’autres positions comme le monisme, le syncrétisme, le scepticisme et bien sûr le relativisme (radical, indifférentiste, conventionnaliste, préférentialiste irrationnel). Elle offre une critique pertinente, par exemple chez le rationa-liste contextualiste N. Rescher, de certaines faiblesses de l’exigence absolue de consen-sus. La troisième se situe au niveau des théories morales dès lors qu’il faut s’approcher du détail des évaluations pratiques formelles et substantielles, et puisqu’il y a toujours plu-sieurs manières de développer une théorie morale et de conduire un raisonnement pratique. Cette variété de pluralismes moraux peut alors éclairer sous un jour nouveau certaines ques-tions actuelles liées à la gestion de la pluralité dans le domaine politique (multiculturalisme, intégration, tolérance, justifications et critiques de la démocratie libérale).

Mots-clef : Kekes, relativisme, Rescher, démocratie libérale
t. 49 : 2005, p. 21-46