Résumé de l'article

Laurence Depambour-Tarride, Quelques remarques sur les juristes français et l'idée de marché dans l'histoire
La France et ses traditions sont souvent présentées comme rétives à l'idée de marché : poids de l'Etat, colbertisme, corporatismes empêcheraient de façon dirimante une adhésion authentique aux mécanismes du marché. Réinterroger les grands courants historiques du droit français peut permettre d'éclairer la question. Dans le cadre d'un bref article, on ne peut qu'essayer de repérer certains cadres chronologiques. À partir du 18e siècle, les juristes ont contribué à construire le marché en système, en machine à promettre le bonheur matériel : mais, auparavant, dès le Moyen Âge et de façon sans doute plus profonde, le droit français a accueilli une conception du marché effective et originale, partagée entre la spiritualité du courant chrétien et l'individualisme du courant romanisant. La tradition française, résultante d'un jeu d'influences toutes prises en compte, a présenté ainsi une version du marché conçu comme une figure de la liberté propre à procurer l'abondance mais dont la spécificité était de ne pas ignorer la nécessité ou la pauvreté.

Mots-clef : marché, colbertisme, histoire
t. 40, 1995 : p. 264-285